Ethique animale : réformisme VS abolitionnisme

Auteur : Charb pour Charlie Hebdo

Ce qui se passe dans les abattoirs, loin du regard des consommateurs, se trouve propulsé hors de notre conscience et donc de notre morale : le déni fait loi. Plusieurs séismes sont pourtant venus ébranler la conscience des consommateurs de chair animale en 2015 et 2016, suite aux diffusions d'images par l'association L214 (vidéos prises en caméra cachée dans les abattoirs Français : 
abattoir de Mauléon-Licharre dans les Pyrénées-Atlantiquesabattoir du Vigan dans le Gard, abattoir d'Alès dans le Gard ). Difficile de savoir comment se positionner après la vision de telles images (à l'instar du film Terriens de Shaun Monson), mais qui reflètent la réalité de notre société de consommation : l'animal est devenu un moyen de production, son corps une denrée alimentaire en devenir moyennant abattage et transformation(s). Le constat est simple : la considération envers les animaux passe après toutes les autres (argent, rentabilité, tradition culinaire, ...). Face à cette réalité, il est légitime de se poser des questions : est-ce moral de faire souffrir les animaux ? Est-ce moral de les manger ? Où sont les limites ? Les réformistes et les abolitionnistes tentent d'y répondre et aboutissent à des positions très différentes : c'est ce que nous allons voir dans cet article.

Pétition : contre l'élevage des poules pondeuses en batterie


Voilà l'état d'une poule pondeuse après 1 an en batterie. Source : L214.

En France, c'est près de 80% des poules pondeuses qui sont élevées de façon intensive en batterie, c'est-à-dire dans une cage de 750cm² par groupes de 4 individus et sans jamais voir la lumière du soleil ni la terre sous leurs pattes. Malgré les nouvelles mesures de détention en batterie, l'association L214 souligne que : «Les conditions de vie des poules restent misérables, entassées dans les cages sans accès à l'extérieur». Les associations et mouvements de protection des animaux, qu'ils soient abolitionnistes ou réformistes, souhaitent tous voir cesser l'élevage en batterie des poules (comme c'est déjà le cas en Suisse ou en Allemagne). Et pour cause : ce mode d'élevage va à l'inverse de tous les besoins de ces animaux. Les poules pondeuses élevées en batterie sont donc suppliciées au profit de la consommation, condamnées à vivre dans des conditions effroyables pour que le consommateur puisse avoir ses oeufs (et les gâteaux industriels en contenant).