La guerre aux déchets

Immersion de déchets, Utrecht (Pays-Bas), 12 novembre 1959 - Auteur Wouter Hagen

Après avoir vu quelques documentaires, dont un sur les emballages et un autre sur le traitement des déchets (et qui parlait entre autres du recyclage), j'ai décidé de faire la guerre aux déchets et de les réduire (voir mon billet "Réduire mes déchets"). Je suis la première à critiquer les décharges et l'incinération des détritus, l'impact de la grande consommation et des plastiques sur l'environnement etc. (je suis sûre que je ne suis pas la seule) et pourtant :

  • les déchets, c'est moi qui les produis,
  • la société de consommation : c'est moi qui la crée en achetant les produits que l'on me propose (pression positive sur un produit par l'acte d'achat : en achetant, on conforte la demande et donc la production),
  • les incinérateurs et les décharges : c'est moi qui les remplis,
  • la dégradation de l'environnement : c'est moi qui y participe...


Il y a eu un temps pour la critique, un temps pour la réflexion et maintenant : c'est le temps d'agir ! Afin de parfaire mon arsenal de guerre et les tactiques utilisées à l'encontre des déchets, il faut bien connaître l'ennemi, ou plutôt les ennemis, afin de trouver les méthodes et stratégies pour leur trouver des alternatives. Je vous présente ici l'avancement de ma démarche et de mes alternatives.

Identifier mes déchets

En fin de vie ou après consommation, les produits que j'achète génèrent :

  • Des déchets résultant directement de ma consommation (je pense notamment au poste alimentaire dont certains détritus ne vont pas dans mon lombricomposteur : protéines, agrumes, ail...),
  • Des déchets du produit en fin de vie (électriques, électroniques, vêtements et autres tissus,...)
  • Des emballages et contenants : de fait, et parfois avant même l'utilisation du produit en lui-même, celui-ci engendre des déchets !

Il existe plusieurs catégories de déchet selon leur mode de traitement :

  • Les déchets verts qui vont dans mon lombricomposteur (ou au compost pour ceux qui ont la chance d'en avoir),
  • les déchets recyclables : les cartons marrons qui vont dans mon lombricomposteur et les autres qui vont dans le bac jaune,
  • Les déchets non recyclables qui vont dans la poubelle marron,
  • Les déchets spéciaux qui nécessitent un traitement particulier : médicaments, déchets électriques et électroniques (= D3E ou DEEE), piles, ampoules, batteries, contenants de produits toxiques...

Le but est de réduire les déchets du bas de cette liste et de trouver des alternatives pour que les déchets produits puissent aller dans le haut de cette liste (si je ne peux pas éviter de les produire, en réparant ou en réutilisant). Concernant les déchets recyclables : je tâcherais de remplacer les déchets en plastique par du carton lorsque cela est possible (et si je ne peux pas supprimer le déchet en question).

La stratégie des 3R : Réduire - Réutiliser - Recycler

Une page wikipédia est dédiée à cette stratégie. C'est la devise de Béa Johnson : "refuse, reduce, reuse, recycle, rot". Je pense qu'il faut éviter de produire un déchet (même recyclable) ou alors lui trouver une alternative ayant un impact moindre pour l'environnement (ex : carton VS plastique).
faire du zero 0 déchets
Comment réduire ses déchets ?

J'ai donc 4 fronts à mener pour la réduction de mes déchets :

  1. Faire du 0 déchet lorsque cela est possible,
  2. Réduire les déchets recyclables : le végétal et le carton brun va dans mon lombricomposteur
  3. Trouver des alternatives aux déchets non recyclables pour ne plus en produire ou du moins les remplacer par des déchets recyclables,
  4. Limiter la production des déchets spéciaux et leur trouver une seconde vie lorsque cela est possible.

À cela s'ajout une action très importante en amont de la production des déchets (c'est-à-dire au moment de l'acquisition) : limiter mon empreinte écologique :

  • pour les objets : privilégier le seconde main et / ou la récupération afin d'éviter l'énergie grise et la pollution découlant de la production d'un objet neuf,
  • pour l'alimentation : privilégier le local et un mode de production biologique ou biodynamique ou de permaculture, afin de boycotter les modes de production polluants et intensifs d'un côté et de buycotter les modes de production respectueux de l'environnement de l'autre côté (qui "aggradent" le sol si possible, au lieu de le dégrader).

En effet, je considère le "zéro déchet" comme un outil permettant de diminuer son empreinte écologique, mais qui ne se suffit pas à lui-même : un Français produit en moyenne 350Kg/an d'ordure ménagère alors que si on considère l'ensemble des activités économiques du pays (sans prendre en compte l'énergie grise des produits et denrées importés !), cette quantité s'élève à 18 tonnes/an/habitant (voir la page Zéro déchet) !

Mon plan d'action

Je vous propose ici un récapitulatif de mon avancement dans ce projet de réduction des déchets. Cet article sera donc modifié au fur et à mesure de mes expériences. Pour plus de facilité, je vais catégoriser mes déchets et pour chaque catégorie : voir ce que je peux éviter, ce que je peux changer et les alternatives à trouver pour le reste.

Je souhaite que pour l'ensemble de ces changements, en comparaison à une consommation sans réduction des déchets, que les produits utilisés ou stratégies (voir la page alternatives) soient :


  • Simples dans leur mise en place,
  • Pas plus chers,
  • Aussi efficaces et faciles d'utilisation.

Je mets en vert ce qui est déjà fait, en orange ce qui est en cours (ou partiellement entré dans ma routine) et en rouge ce qui reste à faire :

L'alimentation

L'alimentation est un des gros postes de déchets ménagers, principalement à cause des emballages. Je pense que c'est le poste le plus difficile à gérer car les habitudes sont bien ancrées et depuis longtemps.

zero  0 déchets
Voilà mon plan d'attaque pour réduire les déchets de ma cuisine.

  • La majorité de mes achats : Je réduis mes emballages en achetant dans des cueillettes en libre service, au marché ou en vrac (voir mon test du magasin en vrac Day by day). Depuis Février 2016, je cultive un potager en permaculture avec un groupe d'amis (voir le carnet de bord du potager) : nous ne sommes pas encore autonome en produits maraicher, mais notre projet avance bien. Pour ce qui est du marché : nous utilisons des sacs en tissus ou des sacs en papiers kraft (que nous réutilisons pour ramasser les crottes de notre chien : cela est mieux que les rouleaux de sachets plastique).
  • Emballage de la viande et du poisson chez les commerçants : à la maison, je mange presque végétalien, donc je n'ai plus besoin d'acheter des produits chez le poissonnier ou le boucher en ce qui me concerne (:
  • Les produits industriels emballés : je dois choisir, pour les produits industriels, ceux qui sont emballés dans des sachets et emballages recyclables. Je pense notamment aux sachets de thé et tisanes qui sont parfois dans des sachets plastiques (non je n'achète pas tout en vrac, le Day by day de Meudon n'étant proche de mon domicile :/ ). Je préfère donc prendre les produits emballés dans du carton ou du papier pour mettre les déchets produits dans mon lombricomposteur ou alors dans la poubelle jaune.
  • Les yaourts et le fromage blanc : malgré ma lecture du livre de Thierry Souccar "Lait, mensonges et propagande", j'aime toujours mon fromage blanc. Or celui-ci est dans un contenant en plastique non recyclable (idem pour les yaourts de soja) : il faut donc que je fasse du fait maison. J'ai testé le DIY : yaourts faits maison et fromage blanc et il faut que je trouve une alternative DIY au yaourt au soja qui sont dans les pots en plastique non recyclables.
  • Sacs plastiques congélation : j'ai acheté des contenants en verre pour remplacer, au fur et à mesure, mes sacs de congélation.
  • Sacs poubelle : j'utilise maintenant des sacs-poubelle biodégradables.

Bien-sûr, il y a des écarts au niveau des achats, surtout que mon conjoint n'est pas aussi assidu que moi sur la pratique du zéro déchet. Il arrive donc que certains produits emballés ou sur-emballés franchissent la porte de notre domicile...

La salle de bain et l'entretien du corps

Je pense que ce poste sera facile à mettre en place : beaucoup de recettes DIY sont disponibles sur le net et sinon, le magasin Day by day propose des produits en vrac.

J'ai encore pas mal de produits industriels à terminer. Ils produisent la plupart du temps des déchets recyclables, sauf pour : les tubes de dentifrice, les rasoirs jetables, les pots de crème, les contenants des maquillages, les déodorants en bille). Il me reste à tester plusieurs alternatives pour trouver celles qui me conviennent le mieux ainsi qu'à mon conjoint.

  • rasoir : j'ai remplacé les rasoirs jetables par un rasoir de sécurité.
  • lentilles de contact : j'ai remplacé les lentilles jetables par des lunettes.
  • cotons-tiges : j'ai remplacé les cotons-tiges par un cure-oreille.
  • dentifrice : il faut que je trouve une alternative à mon tube de dentifrice bio qui produit un emballage non recyclable. J'ai testé le dentifrice solide et sans emballage de Lamazuna, mais je n'en suis pas du tout satisfaite -> il faut donc que je trouve une alternative "faite maison".
  • déodorant : il faut que je remplace mon déodorant (j'utilise déjà du bio mais l'emballage n'est pas recyclable car c'est un déo bille). J'utilise actuellement le déodorant solide de Day by day qui est zéro déchet.
  • parfum : j'ai demandé à ce qu'on ne m'offre que des parfums bio et que dans des contenants 100% recyclables (exit les capuchons en plastique). 
  • gel douche : je dois remplacer les savons liquides (gèle douche) par des savons solides DIY ou emballés dans du papier. Pour l'instant, j'ai encore tout un stock de produits industriels (avec emballage) à finir. J'ai remplacé mon gel douche par des savons solides et emballés dans du papier.
  • shampoing : j'utilise le shampoing solide bio "fleur de shampoing" de douce nature, ce qui diminue considérablement les emballages plastiques. Je réfléchis aussi à la tendance "no poo" grâce aux articles de Antigone XXI et j'ai déjà testé le lavage de mes cheveux à la farine de pois chiche (très concluant par ailleurs).
  • spray démêlant pour cheveux : j'ai trouvé une alternative simple pour mon spray démêlant cheveux -> j'utilise des graines de lin avec du vinaigre (article à venir).
  • démaquillant et disques en coton : je dois remplacer mes disques en coton jetables par des disques lavables et trouver une solution zéro déchet à mon démaquillant. J'utilise maintenant un liniment fait maison pour me démaquiller ou de l'huile (selon les moments) avec des disques démaquillants lavables.
  • mes crèmes : je dois refaire mes crèmes maison.
  • mon maquillage : je n'ai pas fini mon maquillage (fard à paupière, poudre libre, mascara et eye-liner). Pour mon blush et rouge à lèvres, je fais un DIY à partir de betterave rouge (voir l'article "Le dupe de benetint").

L'entretien de l'appartement

  • J'utilise des produits achetés en vrac au Day by day et je fait du "fait maison" pour : 

La vaisselle

  • Le liquide vaisselle : j'utilise du produit vaisselle bio en bouteille plastique : il faut que je change pour faire du DIY avant que ma bouteille ne soit vide -> je fais mon propre liquide vaisselle (pour la vaisselle à la main). En ce qui concerne les pastilles pour mon lave vaisselle : j'ai essuyer plusieurs galère (machine bouché, produit qui mousse trop et qui enclenche le système anti-débordement ...) : je garde donc mes pastilles bio.
  • Les éponges : je choisie maintenant des éponges végétales plutôt qu'issues de la pétrochimie (elles finissent alors dans mon lombricomposteur), mais après avoir vue les tuto pour confectionner des tawashi, je me dis que c'est un bon cycling de t-shirt et autres chaussettes en fin de vie...

Le dressing et la lessive

J'ai déjà bien trié mon dressing et donné les vêtements que je ne portais plus (à mon entourage ou au relais). J'ai gardé quelques vêtements inutilisables pour faire des DIY (articles à venir) et gardé quelques vêtements vraiment usés pour le bricolage.

  • Les lessives : j'utilise une lessive biologique en tablettes -> j'utilise mon savon 3 en 1 (recette ici) + un adoucissant maison (recette ici) + du percarbonate de soude pour blanchir le linge lorsque cela est nécessaire.
  • Les acquisitions de vêtements : je récupère des vêtements auprès de mon entourage. Pour ceux achetés : il faut que je privilégie le seconde main. Pour les achats neufs : il faut que je privilégie le biologique, fait Français et vegan (difficile de réunir tous ces critères pour du neuf !).

Mon bilan

J'ai commencé à rédiger cet article mi-avril 2015 et je suis contente de voir qu'avant de le mettre en ligne, il y avait déjà du "orange" et du "rouge" qui ont été remplacés par du vert ;)

Pour l'instant et dans ma démarche (qui en est à ses débuts), il est ici question de réduire mes poubelles. J'espère aussi réduire mon impact environnemental global en achetant du local et des produits le moins transformés possible.

Crédit images


2 commentaires

  1. C'est plaisant de lire ce genre d'article, on s'aperçoit qu'on est pas seul à remuer ciel et terre pour changer notre mode de vie et de consommation ! Par contre en France vous avez du bol pour les achat en vrac, ici (en suisse) je galère a trouvé où acheter mes lentilles, pois chiche, amandes et autres en vrac !! Pour le reste j'achète tous au marché et mon homme prend le grand cabas en toile cirée et tous va la-dedans sans emballages. Si tu veux j'ai une recette de déo fait maison extrêmement basique à faire et super efficace (approuvé pas mon homme :) )
    Pour les yogourts on a fabriqué une yaourtière maison qui fonctionne sans électricité et c'est le top !
    Là on est en pleine fabrication d'un lombricomposteur et je me réjouis de pouvoir le mettre en route ! Tous ceux qui en ont un on l'aire ravis donc sa me motive encore plus.

    A tout bientôt et bonne suite dans cette super démarche ! ;)

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    1. Merci beaucoup pour votre commentaire, je suis heureuse aussi de voir que je ne suis pas la seule à changer ma façon de consommer. C'est vrai que dans mon entourage, je passe un peu pour un ovni lol

      Vous n'avez vraiment "pas de bol" pour les achats en vrac, peut-être pouvez-vous contacter Day by day (http://daybyday-shop.com/nous-contacter) pour leur demander si une franchise peut ouvrir ses portes près de chez vous. Je sais que dans le 15ème un franchisé attend de trouver le local pour ouvrir un magasin mais il ne trouve pas... Sinon en France, un certain nombre de magasins bio font du vrac (bio c bon, naturalia ...).

      Pour votre déodorant maison je suis preneuse de la recette si vous voulez bien la partager et aussi connaitre votre astuce pour faire une yaourtière sans électricité (;
      Pour ce qui est du lombricomposteur, j'en suis ravie !! J'ai déjà fait ma première récolte de lombricompost et j'utilise pour mes plantes le thé des vers comme engrais liquide : nos plantes ne s'en portent que mieux ! Je trouve que c'est très bien de le faire soi-même, surtout que l'on peut adapter la taille (le mini worms que je possède est trop petit pour la consommation de verdure que nous avons à la maison :/ )

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