Terriens : comment concilier conscience et consommation ?

Après avoir visionné le film-documentaire Terriens (Earthlings) de Shaun Monson qui montre, en 5 parties, comment l'humanité piétine la condition animale, ma conscience n'en ressort pas indemne.

Affiche du film Terriens (Earthlings) - 2005 - interdit au moins de 16 ans
Première partie : Animaux domestiques - Deuxième partie : Nourriture - Troisième partie : Habillement - Quatrième partie : Divertissement - Cinquième partie : Science.

Mes "œillères"

Je remarque qu'à aucun moment et dans aucun de mes articles précédemment écrits je n'ai fait mention de la consommation de viande ou de la condition animale : j'ai des oeillères (terme employé par Gary Yourovski) ! Seulement voilà, après ce film, je ne peux plus consommer de façon indifférente et insouciante les produits issus des animaux :
  • chair,
  • produits laitiers,
  • cuirs, laine, plumes,
  • tout ce qui peut-être testé sur les animaux.
J'ai regardé ce film en entier, j'ai pleuré, hurlé de douleur - de colère et un sentiment profond de honte m'a submergé. J'ai laissé ces émotions m'envahir, sans détourner le regard ni me boucher les oreilles : malgré l'intolérable, je me devais de visionner en entier ce film pour retirer mes oeillères et voir ce à quoi je participais sans vouloir le reconnaitre jusque-là.

L'électrochoc : la prise de conscience d'une incohérence entre pensées et actes

La cohérence interne est le maintien d'une congruence entre pensées, actes et actes - pensées. Mon incohérence se situait entre 2 constats : j'aime les animaux et j'aime les manger, mais les manger implique de les tuer et dans notre société, les tuer implique de les faire souffrir. Je gardais jusque-là ma cohérence par le déni : je refusais de voir la réalité de la souffrance animale qu'occasionne la production de viande et donc sa consommation. C'est ce que l'on appelle le paradoxe de la viande.

Avec le visionnage de ce film, mon paradoxe a été mis à jour : je me suis sentie coupable de manger de la chair animale comme jamais je ne l'avais été auparavant, j'étais concernée par cette réalité qui m'explosait en plein visage alors que j'y participais (sans avoir jamais voulu l'admettre). Or, on ne se sent coupable que de ce dont on est responsable et on est responsable que de ce qui nous incombe : c'est-à-dire des conséquences de nos choix. Je me sentais donc coupable d'un choix que je n'avais pas fait en toute conscience : je trouvais cela "normal, naturel et nécessaire" de manger de la viande et je ne me posais pas plus de question... J'étais carniste.



Pour choisir en toute conscience, notre choix doit être libre et éclairé : pour cela il faut savoir appréhender la réalité sous tout ses aspects et notamment celui de l'empathie envers autrui, cet autrui n'étant pas forcément à notre image d'homme = ici ce sont des animaux. Cette claque que je me suis prise en regardant ce film m'a appris qu'une information, dénuée d'empathie et d'émotion, ne reste que factuelle : elle ne nous implique pas, ne nous engage pas.

J'ai d'abord cherché à rendre cohérentes mes pensées avec mes actes pour continuer à manger de la viande sans me sentir coupable, mais je n'y suis pas arrivée. L'évidence était donc de changer mes actes - ici manger des animaux - pour qu'ils soient cohérents avec mes pensées (voir la vidéo de Martin Gibert) : devenir végétarienne est une évidence !

Du pré à l'assiette : à quoi je n'adhère plus ?

Consommer de la chair animale ou un produit dérivé d'animaux implique que ces derniers aient été transportés puis tués dans des abattoirs (de façon directe ou non). C'est là que le problème apparaît : comment puis-je m'assurer que la mort de l'animal ait été faite sans souffrance et de façon digne ? Le transport puis l'abattage des animaux est une industrie soumise aux pressions de rentabilité du marché : faire vite - faire pas cher. Cela est donc incompatible avec une fin de vie éthique - digne de ces animaux : je ne peux donc pas adhérer. Si je n'adhère pas : comment puis-je encore consommer de tels produits (Voir L214 sur les abattoirs) ? Je ne parle pas ici d'élevage, je pense sincèrement que des élevages respectueux des animaux existent. Mais à l'évidence, consommer un poulet label rouge ou bio n'est plus suffisant pour moi.

Devenir végétarienne ou alors vegan ?

Devenir végétarienne ou vegan ne sera pas pour améliorer ma santé, mais pour l'éthique et être en accord avec moi-même, après une double prise de conscience :
  • Consommer de la viande n'est pas durable à l'échelle mondiale : plus de 37% des céréales cultivées dans le monde sont destinées non pas à la consommation humaine mais à l'élevage d'animaux pour leur chair et produits dérivés. Manger de la viande n'est pas écologique en-soi.
  • Consommer de la chair animale ou les produits dérivés des animaux sous-entend que l'on accepte, de façon indirecte, la souffrance de ces animaux de part leurs transport et abattage (sans oublier leur élevage pour ceux qui sont élevés de façon industrielle).
Je me pose donc des questions : est-ce que je veux être vegan ou végétarienne ? Par où commencer et quelles sont les étapes ? Comment manger équilibrer et faire mes menus ? En suis-je capable ? Est-ce compatible avec le zéro déchet ? Comment va réagir mon entourage ?

EDIT du 15 avril 2016 : Depuis la vision du film Terriens de Shaun Monson, je suis "flex-végétarienne" sous-entendu que je navigue pour l'instant entre végétarisme et végétalisme. Voir mon article de mars 2016 "Mon fléxitarisme".

Le discours le plus important de votre vie

Je vous mets ci-dessous la vidéo d'une conférence de Gary Yourofsky datant de 2013 et partagée par Helenespren sur sa chaîne youtube. Cette vidéo résume les idées des antispécistes et est moins violente que le film "Terriens". Même si je ne suis pas d'accord avec tous les propos tenus lors de cette conférence (dentition et tube digestif des espèces végétariennes notamment), celle-ci à le mérite de pointer du doigt un système d'une barbarie inouïe indigne de l'humanité, où l'animal n'est plus considéré comme un être vivant à part entière, mais plutôt comme une usine à viande - à lait - à fourrure - à laine, sans aucune autre prérogative :





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